« Quand le financement des associations devient un jeu d’équilibriste : regards croisés de sociologues »

Alors que le financement public de la Ligue des droits de l’homme est au cœur de l’actualité, il est intéressant de revenir sur les travaux des sciences sociales sur l’équilibre fragile entre l’autonomie des associations et la tentation de contrôle par la puissance publique. C’est ce que fait Anne Bory, chercheuse en sociologie politique, dans sa carte blanche au Monde.

L’article de Mme Bory rappelle que l’autonomie des associations est une valeur fondamentale de notre société. Pour que les associations puissent jouer leur rôle de contre-pouvoir, il est essentiel qu’elles soient indépendantes financièrement et politiquement. Mais cette autonomie est souvent mise à mal par les financements publics.

En effet, lorsqu’une association reçoit des financements publics, elle est soumise à des obligations de transparence et de contrôle. Or, ces obligations peuvent être vues comme des tentatives de contrôle par la puissance publique. Les associations doivent alors trouver le juste équilibre entre leur autonomie et leur transparence.

Mme Bory souligne également que les financements publics peuvent influencer les choix des associations. Les subventions peuvent par exemple favoriser les projets en adéquation avec la politique gouvernementale. Ce qui peut entraîner une forme d’alignement des associations sur les positions politiques en place.

Pour autant, Mme Bory ne prône pas la suppression des financements publics. Elle rappelle que ces financements permettent aux associations de mener à bien des projets d’intérêt général. Cependant, elle plaide pour une réflexion plus approfondie sur les modalités du financement public des associations. Il s’agit d’en finir avec la logique de l’appel à projet qui privilégie les associations les plus structurées. Mais également, de travailler sur la définition de critères objectifs afin de garantir l’indépendance des associations et l’équité entre elles.

En conclusion, cet article rappelle l’importance de l’autonomie des associations. Il souligne également la nécessité de poursuivre la réflexion sur les modalités du financement public des associations. En un mot, il appelle à une co-construction des politiques publiques avec les associations, pour une société plus juste et plus équitable.